Pourquoi est-ce que je réfléchis mieux après une séance de sport?
La découverte de la possibilité de produire de nouveaux neurones, notamment au niveau de l'hippocampe, a été une révolution en neurosciences. Des travaux menés chez la souris ont ainsi montré que lorsque celle-ci court dans une roue, de nouvelles cellules nerveuses se forment en même temps que s'accumule une molécule, le facteur neurotrophique dérivé du cerveau, qui intervient dans la formation des circuits neuronaux et joue un rôle central dans la plasticité synaptique, en particulier dans la production de nouveaux neurones.
Plusieurs études menées chez les adolescents ont permis de corréler la pratique du sport et l’impact sur les performances en langues, mathématiques et sciences. De même, une étude menée sur des adultes âgés de 55 à 80 ans a montré que ceux qui pratiquaient une activité sportive régulière avaient un hippocampe plus développé.
Muscler son cerveau
Deux Français sur trois pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine. Un comportement idéal pour rester en bonne santé est essentiel pour le bon fonctionnement du cerveau.
Une étude récente menée chez des jumeaux a ainsi montré que celui des deux qui pratiquait le plus d’activités physiques avait un plus gros volume de matière grise, non seulement au niveau du striatum, région qui régule la motivation et intervient dans la prise de décision, mais aussi au niveau du cortex préfrontal, le siège des fonctions exécutives et élément central dans le contrôle des émotions.
S'il est encore difficile de conclure que cette augmentation est liée à la naissance de nouvelles cellules plutôt qu'au remodelage du cerveau, que ce soit chez les animaux ou les hommes, il est un fait établi : les performances mémorielles ont été augmentées par la pratique du sport.
Meilleure irrigation
Durant l'exercice, le flux sanguin vers le cerveau s'accroît, ce qui permet une meilleure nutrition des neurones et un meilleur taux de survie, ce qui renforce les connexions synaptiques.
Des études menées chez les rats ont également montré que l'exercice augmentait la densité en capillaires, les petits vaisseaux sanguins, dans le cerveau en activant des mécanismes d'angiogenèse, soit la formation de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de vaisseaux existants. Cela permet une meilleure vascularisation du cerveau et réduit les risques d'accidents vasculaires.
Lutter contre l’anxiété
Il est fréquent que malgré la fatigue physique, une fois l'effort produit, une sensation de bien-être, voire d'euphorie, s'ensuive.
Une vaste étude menée sur plus de 19000 étudiants avait permis de montrer que ceux qui pratiquaient régulièrement une activité physique étaient moins anxieux, plus extravertis et à la recherche de sensations plus intenses que les non-pratiquants.
L'explication se situe dans un échange entre les muscles et le cerveau.
L'activité prolongée entraîne la production d'acides aminés par les muscles et le foie, en particulier le tryptophane. Ceux-ci franchissent ensuite la barrière hémato-encéphalique (sorte de filtre qui protège le cerveau contre des agents pathogènes présents dans la circulation sanguine) et activent la synthèse de sérotonine, laquelle a un rôle d'antidépresseur. L'effet neuronal du sport contre la dépression peut être aussi grand que celui des médicaments et leur effet semble être synergique.
Extrait de CERVEAUGRAPHIE – Comprendre le cerveau en 100 dessins et schémas
Dr Steven Laureys (2022)